LUNDI 19 FÉVRIER 1996 - 18h00
Il fait maintenant presque nuit dans ma cabane, et le vent souffle toujours avec la même violence.
Je rentre juste d'un grand tour dehors pour chercher de l'eau et faire des photos. Les traces avaient presque entièrement disparu et j’ai retrouvé le trou à eau en... mettant le pied dedans. Sous la neige, la glace ne s'était pratiquement pas refermée. Heureusement je n'ai pas trop pris l'eau et avec un bon poêle et des bottes de rechange, ce n'est pas un gros problème. À l'avenir, je marquerai quand même l'emplacement du trou avec une perche. Il est des habitudes que l'on prend vite et sans manuel. La nature est bonne enseignante tant que les conséquences ne sont pas définitivement dramatiques (ce qui peut arriver plus vite qu'on ne croit dans les situations extrêmes). Heureusement, dans ces conditions, le cerveau se tient généralement en alerte et chaque événement nouveau est analysé presque inconsciemment pour en tirer des conclusions utiles à la survie. Si cette gymnastique d'observation et d'analyse ne fonctionne pas, ou mal, il vaut mieux éviter de partir seul. Mais si ça fonctionne, quelle source d'enrichissement !

Pendant que j'étais dehors, le ciel s'est déchiré au-dessus de la tempête, donnant au paysage un aspect wagnérien des plus saisissants.

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