JEUDI 1er FÉVRIER 1996 - 22h00

Après une bonne douche, extinction des feux dans la chambre douillette... et chaude de notre premier motel. Le confort a quand même du bon, parfois.

Tout à l'heure, vers dix-neuf heures, il s'est brutalement mis à neiger très fin et très froid. La route gelée brillait de mille éclats et les petits cristaux de neige ressemblaient, dans les pinceaux des phares de la Ford, à de la limaille d'aluminium. Cette étrange et hypnotique vision, presque irréelle et très pénible pour le conducteur, a durée un peu plus d'une heure, et puis la lune est apparue de nouveau, tandis que la route redevenait propre et sèche. Dans les derniers kilomètres, le paysage s'est montré encore plus sauvage. Et très beau, sous le clair de lune.

Marc-Éric aurait bien continué à rouler mais il était raisonnable de s'arrêter pour ménager nos forces et prendre le repos nécessaire et mérité après une telle équipée. Il était d'ailleurs temps car, depuis un bon moment, je ne pouvais plus tenir ; l'interface entre mes os (plutôt vers le bas) et le cuir du siège me faisant terriblement souffrir. Plus de trois heures sans bouger de plus d'un centimètre et demi, ça laisse des souvenirs. Dommage que, malgré tous mes efforts, je n'ai pas réussi à grossir avant de partir ; les coussins naturels ont parfois leur utilité. (...)

Philippe Rabagnac