JEUDI 15 FÉVRIER 1996 - 12h00
Depuis notre départ, nous avons parcouru... six cents mètres en... une heure vingt ! Une moyenne digne de l'héroïque époque de la forêt brûlée. Pourtant, nous n'avons rencontré aucun obstacle.
Nous sommes arrêtés au niveau d'une zone où l'eau de la rivière, très peu profonde, est libre. Le passage sur la droite n'est pas très compliqué et ne nous oblige pas à passer en forêt. En fait, ce qui nous a retenus, c'est la beauté du lieu et du moment.

Ici, l'hiver, le soleil a vraiment le pouvoir magique de transformer d'un coup un paysage gris blanc, terne, presque sale, en un décor féerique où règne une lumière éclatante et où les arbres de la forêt peuvent enfin exhiber toute la palette de leurs verts. La neige prend aussitôt du relief et renvoie en scintillant toute une gamme de blancs, de jaunes et de bleus. C'est vraiment magnifique et nous buvons cette beauté par tous les pores de notre peau.

Cela dit, le passage risque quand même de poser quelques problèmes car Marc-Éric vient, avec sa pulka, de faire s'effondrer un pont de neige derrière lui.
Un peu plus loin, je déchire ma veste en duvet en passant sous un tronc. Comme dit Jean-Mi qui a retrouvé sa bonne humeur : "Philippe, tu as des plumes dans le dos". J'aurais préféré avoir des ailes... En attendant, me voilà bon pour une séance de couture et ma chère doudoune s'orne d'une nouvelle et fière cicatrice. Après presque vingt ans de bons et loyaux services, elle n'est plus à ça prêt. (...)
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